Le silence dans l'amour
Imaginez cette scène: vous vous baladez en forêt. Il y a les oiseaux qui chantent, les arbres qui bruissent sous l'effet du vent, les bancs de mousse qui titillent vos narines, les branches qui craquent sous vos pas. Or, à côté de la forêt, passe une autoroute. Son murmure constant vous empêche d'accéder à vos perceptions. Vous ne voyez pas encore où je veux en venir, n'est-ce pas? Je vous invite à lire ce poème de Cécile Coulon:

En lisant ces quelques lignes, j'ai sursauté. J'ai subitement pris conscience de l'importance du silence dans l'amour "pour protéger ce qui est vrai".
Je m'explique: j'ai vécu, il y a quelques temps, une relation passionnée, de celle qui vous chavire et vous intrigue. Au lieu de vivre la relation de l'intérieur, de l'observer, de l'écouter, je me la racontais. Je superposais une histoire sur l'histoire. J'amplifiais, j'expliquais, je justifiais, je décorais. J'étais la narratrice de ma relation. Je n'écoutais pas la forêt (mon âme), je laissais le murmure de l'autoroute (mon ego) prendre toute la place. Ainsi assourdie, ou étourdie, je n'étais pas à même d'appréhender la relation dans sa globalité et de vérifier si j'étais au bon endroit avec la bonne personne. Mon bavardage intérieur m'éloignait de "ce qui est vrai".
Je suis convaincue aujourd'hui que l'amour requiert du silence. Pour s'entendre soi-même, pour éprouver les émotions qui nous animent. Peut-être que lorsque l'on a trop besoin d'analyser, d'expliquer, de justifier une relation, c'est que celle-ci ne nous convient pas? Une union qui coule de source n'aurait pas besoin d'argumentation? Qu'en pensez-vous?
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Poème de Cécile Coulon, tiré du recueil "Je suis faite de longs silences et de longs trajets", éd. Le Castor Astral, 2021